Le rôle des colonies dans la crise des années 30 :
Durant la Grande Dépression, alors que certains optent pour le protectionnisme, la Grande-Bretagne et la France les deux grandes puissances de l’époque s’efforcent de constituer des Zones Economiques Exclusives avec leurs zones d’influence respectives. Ce repliement leur permet de s’assurer des débouchés fiables mais a néanmoins des limites.
I/ Constat :
Le but de ces empires coloniaux était d’écouler la production industrielle des métropoles dans les colonies tout en garantissant des prix minima pour les producteurs coloniaux afin d’atténuer les effets locaux de la crise. En modernisant l’ancienne pratique de l’exclusif colonial, il s’agit d’établir des Zones Géographiques Exclusives interdite au commerce des tiers.
Cette politique a des résultats non négligeables : les colonies occupent une place croissante dans le commerce extérieur des métropoles.
Part de l’empire colonial dans le commerce extérieur français :
Année Import (de l’empire) Export (vers l’empire)
1913 10% 15%
1929 20% 17%
1939 26% 31%
La France, place de plus ses capitaux dans ses colonies : l’Algérie et l’Indochine reçoivent pratiquement la moitié des placements français. Ces investissements vont surtout dans les infrastructures de transport, les installations portuaires et les plantations.
Colonies vers R-U (de 1930/1939): → Importations : 42% à 55%
→Exportations : 51% à 62%
II/ Replis des Grandes puissances sur des Zones cloisonnées :
La Zone Sterling :
L’Empire britannique pousse très loin cette logique avec la Préférence Impériale. Lors de la Conférence Impériale d’Ottawa en 1932 ils imposent un tarif extérieur commun très élevé dans l’empire en même temps qu’est engagée une forte baisse des tarifs internes. De surcroit, une coopération monétaire est établie, les dominions acceptant de confier à la Banque d’Angleterre la gestion de leur réserve d’or et de devises.
Empire Français :
En France une série de Conférences impériales a lieu durant les années 30 même si elles tendent plus vers une intensification des échanges et l’encouragement au développement des industries coloniales. L'Exposition coloniale de Paris en 1931 symbolise l’ampleur de ce repli sur l’empire (Temple d’Angkor par exemple) : le but est de faire connaitre aux français leurs colonies et la diversité des peuples qui y vivent.
Certains pays qui n’ont pas d’empire colonial et qui jugent avoir un territoire limité veulent avoir plus de territoires (Lebensraum (« espace vital ») en Allemagne / L’Italie tente de reconquérir l’Ethiopie). Quant eux Etats-Unis, ils se tournent vers la zone où ils ont le plus d’influence c'est-à-dire les Amériques. En 1934, sont signés des Accords Douaniers avec une vingtaine de pays qui limitent les droits de douane : le Reciprocal Trade Agreement.
III/ Limites :
Le recours aux colonies a néanmoins eu des effets pervers.
- Accélération essor industriel des pays colonisés qui soulagés de la taxe douanière, profitant des bas salaires concurrencent la production des métropoles : Le Textile indien concurrence celui de Manchester et les produits agroalimentaires de l’AOF l’industrie française. Le blé et le vin algérien inondent le marché intérieur français ce qui aggrave le marasme agricole en France.
- Malgré une évidente réorientation géographique, les effets de la préférence impériale sont limités et ne sont pas en mesure de stimuler fortement la production industrielle en Europe ni d’enrayer la chute du cours dans l’empire.
Ouverture POSSIBLE :
Cet accroissement de l’intérêt économique porté à l’Empire est raccompagné d’un renforcement de l’exploitation du travail des populations indigènes (corvées, amendes…), dénoncé notamment par André Gide après un voyage au Congo et au Tchad : les intellectuels commencent à critiquer et rejeter l’impérialisme français.